Monsieur Darmanin, actuel ministre de l’intérieur, a déclaré lors d’une conférence, qu’il a chargé le Service Central des Armes de réfléchir avec le ministère des armées, alors que ce serait a priori plutôt une question pour celui des sports, je cite à :

limiter, voir interdire, un certain nombre de possession de ces armes dites de guerre, y compris pour les mesures sportives ou récréative

Ces armes sont déjà classées en catégorie A et interdites aux civils. Il ne reste environ que 900 personnes en France -dont je fais partie- qui ont une autorisation de détention pour un certain type de ces armes, celles à l’origine provenant d’arsenaux et qui ont été castrées spécifiquement pour le marché civil. Ce ne sont donc pas des armes de guerre puisqu’elles ne bénéficient plus de leur mode de tir automatique d’origine. Ce dont parle M. Darmanin ce sont des carabines qui ressemblent à des armes utilisées lors de conflits, voir -qui sait ?- peut-être aussi d’armes de poing et carabines de tir longue distance.

Les vraies armes de guerre et les vrais conflits sont dans les cités.

Désarmer les détenteurs légaux d’armes à feu avec des amalgames et des inexactitudes, en exploitant l’émoi de fait-divers spécifiques et rares avec des armes légales, rares comparé à tous ceux perpétués par les criminels et leurs armes illégales, ne résoudra en rien les difficultés sécuritaires que connaît notre pays. Ce ne sera au mieux qu’une courte diversion mais indubitablement une perte de liberté de plus, une double peine pour les citoyens et la mise en difficulté de nombreux professionnels.

A l’heure où certains militaires s’émeuvent publiquement de l’état du pays au point de redouter une guerre civile, comme par exemple le Capitaine de gendarmerie Alexandre JUVING-BRUNET qui écrit que si on en arrive à ce point, je cite :

Les forces de sécurité intérieure seraient dépassées et le Peuple Français devrait assurer sa propre sécurité durant la première phase de choc

Donc à cette heure là, s’attaquer au droit de posséder des armes, s’attaquer à un symbole irremplaçable de la liberté et un moyen irremplaçable pour la défense est une faute.

Le désarmement d’un peuple n’est jamais anodin. Les désarmements précèdent les tyrannies. Les désarmements précèdent les génocides. Les désarmements précédent les guerres, comme cela a été le cas en mille neuf cent trente neuf lorsque le port d’armes a été interdit en France. Le désarmement des peuples est le signe de la soumission à un régime, comme cela a été le cas en France avec l’aristocratie ou avec le régime de Vichy qui a instauré la peine de mort pour la détention d’armes.

Le Comte Mirabeau avait proposé au comité des cinq, qui travaillait sur la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen dont on rappelle l’attachement du peuple Français en préambule de notre constitution, un article pour le droit à la détention d’armes pour sa défense et celle de sa liberté : les membres du comité avaient convenu qu’il était un des principaux garants de la liberté politique et civile mais ne l’ont pas retenu car évident de sa nature.

J’appelle tous les acteurs du milieu des armes et de la sûreté, les professionnels, les acteurs du privé et du public, les associations et médias spécialisés, les avocats et think tank, les amoureux et les défenseurs de la Liberté, donc de facto favorables à l’accès aux armes pour les civils -j’ai rencontré, et mes camarades de l’ARPAC, quelques-uns d’entre vous lors de réunions, ou à notre dîner à l’École Militaire, dans vos bureaux, chez vous ou sur un pas de tir- à enterrer les haches de guerre, laisser les querelles gauloises de côté, transcender nos différences pour nous unir contre l’erreur qui se profile.

Nos concitoyens ne peuvent pas toujours en mesurer l’importance, mais je suis sûr que vous, vous mesurez la dérive, les graves conséquences, le danger qu’elle engendrerait. Votre parole est essentielle.

J’appelle les partis politiques, les hommes et femmes engagés à tous niveau dans la vie de la cité à mettre fin aux amalgames et défendre la liberté des citoyens français. Je vous appelle à être à la hauteur de la confiance qu’ils mettent en vous, par votre confiance en eux.

J’appelle enfin les autorités, le Service Central des Armes qui sera au centre de cette demande de restriction, demande à la légitimité que je discute, à ne pas devenir le service central du désarmement des citoyens, à l’heure où la volonté publique devrait être justement inverse. Je vous appelle à faire preuve de raison, de justesse et de résister aux calculs à la vue courte, à ne pas renverser le devoir d’assurer la sécurité des citoyens en les désarmant. Le principe de subsidiarité, le continuum de sécurité, la citoyenneté, les droits naturels des individus ne doivent pas rester de vains mots quand on est au service du peuple.

Nous voulons tous la sécurité, mais la sécurité n’a aucun sens sans la liberté et la sécurité des individus, l’accès aux armes est un pilier de l’une et l’autre.

Je vous propose d’arriver à ce but qui est j’espère partagé, de préserver l’une et l’autre, en profitant de cette opportunité pour mettre fin au mélange inadéquate entre le but d’une arme c’est à dire assurer sa défense ou celle d’autrui et le sport. Cet abandon de la vraie nature du tir, et du droit de posséder des armes en le conditionnant à la pratique, même implicite, du sport, n’aurait jamais dû avoir lieu. Il était le fruit d’un échec de l’administration et d’une solution aberrante. Les citoyens ne doivent pas subir une situation artificielle hypocrite ou défaillante pour que nous puissions en sortir gagnants.

Je vous demande d’absolument préserver l’accès actuel aux armes des citoyens, si ce n’est l’améliorer, ce qui est possible par exemple par la création d’une fédération de tir dynamique, de défense, ouverte aux civils, au privé et aux professionnels : pour disposer de l’encadrement nécessaire pour émettre un avis préalable à la détention d’armes, au besoin de formation nécessaire de leurs détenteurs, le cas échéant, de ceux qui les portent -et qui ne sont pas assurés aujourd’hui- et d’ainsi disposer d’infrastructures et d’un encadrement adéquates pour la pratique d’un tir qui répond aux besoins de ces pratiquants.

Cette évolution est tout à fait réalisable et déjà, lorsque c’est trop rarement possible, pratiquée dans les faits, les frais seraient couverts par les adhérents, elle est légitime : donnons-lui corps. Par exemple, l’École Nationale d’instruction du Tir a déjà les bases nécessaires pour la réussir ! C’est une question de volonté, partageons cette ambition.

Tout le monde en sortira gagnant ; cela répondra à la demande de M. le ministre, à la demande de détenteurs d’armes respectueux des lois de la République, à l’exigence de sécurité et au devoir de liberté.